Avec cette satire féroce sur fond de science fiction, Boulgakov se fait ici l'émule inspiré de Gogol. « Le sommeil de la raison engendre des monstres» – ce titre de Goya pourrait servir d'épigraphe aux deux hallucinantes nouvelles réunies dans ce recueil. Le point de départ de Boulgakov, c'est le réel, et pourtant, d'entrée de jeu, les dés sont pipés, car ce réel – la réalité soviétique des années vingt – est si insolite, il présente de telles anomalies, de tels gauchissements, qu'il constitue un terrain particulièrement favorable à la prolifération du fantastique.